1. |
Anticonformisme
02:36
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Hé ! Désolé, j'ai pas d'belles phrases pour chauffer les salles,
qu'des salles phrases pour péter la fête,
qu'des salles thèmes casse-tête, des thèmes casse moral
jamais trop fait (en fait) pour bouger la tête
Mais j'me régale quand y'a pogo sous la casquette
quand y'a tempête, quand j'saigne du nez parce qu'un courant d'art pète la fenêtre
de l'air glacial s'engouffre dans ma navette,
ça laisse place nette dans les têtes pour de nouvelles comètes.
Pourtant j'aime bien moi aussi glander au chaud sous la couette
mais les idées barricadées pourrissent de l'intérieur et ça fouette,
et puis j'prends pas l'micro comme on tient une fourchette
j'ai la dalle à l'estomac,
j'met les deux mains dans l'assiette et les pieds dans l'plat !
J'offre ma friche, ma cervelle en bordel et mes pieds dans l'plat
j'offre mon modeste anticonformisme à qui l'voudra
les pieds dans l'plat, pourtant y'en a qui voudraient finir pénards leur repas
hé connard ! Pourquoi tu rap pas en anglais histoire qu'on comprenne pas ?
laisse tomber, accroc au brasier,
j'ai pas embrassé la poésie pour juste vous souhaiter une bonne soirée.
Qu'est-ce tu fais chier avec ton côté punk, straight edge et hard-core
passe plutôt du daft punk que ça mette tout l'monde d'accord !
Attends, malgré les apparences, j'veux toucher l'monde et j'vise large
mais j'continue d'écrire au stylo rouge et dans la marge.
J'offre ma friche, (ma marge) ma cervelle en bordel et mes pieds dans l'plat
j'offre mon modeste anticonformisme à qui l'voudra
bon ok et qu'est ce qu'on fait d'beau avec tout ça ?
ben on dézingue les non-dits pas à pas
on ré-aiguise les angles trop arrondis qu'est-ce tu crois
on pose ça là entre le super flow superflu des médias
et l'silence des vrais combats
et si un jour y'a un concourt du plus grand casse-couille des environs
mes potes miseront (tout c'qu'ils ont) sur mon esprit d'contradiction
et sur ma diction apte pour la dissection
des sujets che-lou (à la con) d'mes dissertations
J'offre ma friche, (ma marge) (les sujets à la con d'mes dissertations) ma cervelle en bordel et mes pieds dans l'plat
j'offre mon modeste anticonformisme à qui l'voudra
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2. |
Une batterie une voix
03:05
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Depuis combien d'temps l'humain s'réchauffe à la parole ?
Anime son corps, aiguise la nuit sa langue et s'envole
avec ces ailes de poésie et de tambour,
et martèle de la tête sur l'temps lourd,
avec la transe comme essence, blablate jusqu'au p'tit jour
revit le même parcours jusque dans ces détours,
qu'il improvise son oral ou pas qu'importe
il colporte de vielles clefs mais ouvre de nouvelles portes
C'est l'éternel renouveau craché dans un micro,
frappé sur un tambour d'peau, graffé sur un wagon d'pau,
breaké sur son d'salaud, samplé à la bien crado,
et au final au p'tit matin repartir sans accrocs
avec la même fougue, avec la même verve
avec le même verbe, la même gerbe étincelante de couleurs
la même énergie, la même allergie à rester asservit
quand sévit cette dalle de vie jamais assouvit
souvent libère ma bouche, mon rap,
j'te jure dézingue les couches de cogites que le cerveau agite
crache et balaye, accroche et déblaye
mais ne crèche que très rarement sur ces deux oreilles
ne prêche pas la mise en veille du cerveau mais l'écoute du corps
alors quand la musculature toute entière aspire au hardcore
si y'a un dance floor à fracasser on l'fracassera
comme une fête païenne et la scène brulera.
Avec une batterie et une voix,
une étincelle de quelques secondes,
rallumer un feu vieux comme le monde.
On l'rallumera pas qu'une fois,
parcequ'la source est profonde,
et qu'l'humain a la bouche comme une fronde.
Cherche pas la graisse en trop c'est du rap squelettique,
il reste que l'tempo sur les os
reste que l'pattern et l'sale flow, y'a pas besoin d'autre chose,
juste une rythmique et un propos
donne moi un boulevard ou une canopée, j'ai rien à envier
aux tambours sorciers quand s'agite ma langue d’excité.
Et qui dois-je citer quand celle-ci va puiser
Dans des influences cosmiques multiples et variées.
Refrain
Et depuis combien d'temps l'humain s'libère avec la parole
décolle du sol, nous sort sa tchatche et les lyrics qu'il bricole
la langue pendue et l'doigt tendu vers les licols qu'on lui colle
habile à cramer les symboles
tchatcher, crier, chuchoter, rapper, slamer, clamer,
déclamer, réclamer,décrire, blablater,
contredire, argumenter, bafouiller, postillonner,
chanter, hurler, putain hurler ! Hurler !
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3. |
Pas d'étiquette
03:41
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Et si on déteste les tubes qu'est-ce qu'on fait ?
Et ben
1) On vire tous les refrains
2) On pose sa voix sur rien ou on attend éventuellement qu'Seb nous sorte un inconcevable son d'chien
3) On crache nos 7 minutes de flow indigeste, dans cette langue indigène que tant d'cerveaux captent à peine, merde ! l'humain a d'la veine, quand son cœur insoumis fait des siennes et traduit les mots incompris, la poésie du ressentit t'agrippe les tripes à c'qu'on dit, encore faut-il que celle ci se fraie un chemin jusqu'ici
4) On ferme les yeux sans méfiance, au contraire avec (une énorme) confiance que la transe te rende (50 fois au moins) l'énergie qu'tu lui lance
5) On cherche les nuits zébrées d'éclairs, les vasques d'eau claire, les odeurs d'humus et de terre que la pluie vient réveiller au carrefours des lisières
6) On laisse carte blanche à toutes ces nuits blanches pour remplir nos feuilles blanches, et t'excuses surtout pas si ça tranche, si la nuit te donne des flows étranges, des beats et des sons étranges que la chair engrange, la diversité et l'mélange se vengent, et quel putain d'puriste ça dérange ? Lui-même sait-il combien l'arbre du hip-hop a de branches, et combien de poêtes-bâtards-B-boys relèvent leurs manches et viennent pour péter les planches !
7) Ne faites pas cette tête, le pain quotidien est traître, les habitudes ainsi faites, qu'elles verrouillent portes et fenêtres et si vite l'âme s'empêtre. Alors l'homme aspire à la tempête, respire quand l'éclair du son frappe, passe pour un fous peut-être, mais s'en tape !
8) Depuis toujours on s'acharne à décrire ce qui relie un type à son immense cosmos du fond des tripes, et on recherche ces passerelles intérieures avec fureur, avec ferveur, avec foi au cœur, avec feu à l'intérieur, tant on est camé au souvenir de cette lueur
9) On pratique l'art des « à l'arrache », le folklore du peuple bidouille, donc t'étonne pas si tout est bancal et part en couille !
10) En conséquence et non par principe, on danse sur la carcasse encore fumante de l'égo-trip, et ouais entorse méchante au schéma type, la démarche chancelante, mais assumant toujours autant de n'pas être le représentant d'mon équipe
11) Alors on sort les chants profonds, les kiffs des nuits passées sans plafond, sinon celui d'un ciel étoilé dans lequel j't'incite à aller planter ton nez, dans lequel j't'invite à aller récolter réconfort, conjurer l'sort et l'spleen, avec une immense voie lactée incrustée dans la rétine
12) Non en fait, on oublie cette liste ou on la brûle, pas d'plans, pas d'recettes, pas d'formats, pas d'normes, (pas d'codes), pas d'étiquettes.
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4. |
Outrage
04:34
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J'habite pas au cœur du sauvage mais à deux pas d'la brousse
n'y ai jamais croisé ces clichés pittoresques que nos télés éclaboussent
les danses grotesques dont on nous abreuve tous
leur « saga africa » à la con dont on nous a venté les secousses
en fait cet imaginaire collectif me fiche la frousse,
fabrique des fantasmes, pourvu qu'un jour un peu d'respect les balayent tous
et rende un peu d'fierté aux peuples qu'on détrousse,
pendant qu'le civilisé s'tourne les pouces
Et si vous lisez mal entre les lignes, j't'explique les classiques de l'art
le cinéma s'marre : les bronzés bouffent du fromage qui pu chez les montagnards
ça danse le break chez les banlieusards
et tintin nous sauve l'afrique noire
puis t'échappes pas non plus aux pubs à la con sur fromage basque et jeunes bergers
mais qu'est-ce qu'un pauvre acteur mal déguisé espère nous faire gober ?
que Lactalys soutient l'élevage ? qu'ils kiffent les beaux paysages ?
Arrête leur plan c'est juste que l'économie locale s'engouffre dans la cage
et est-ce qu'on essaie de camoufler les deux ou trois re-lou qui ne pensent qu'à moufeter ?
Que dalle ! Même pas besoin,
leurs bouquins s'enterrent sous la poussière d'une étagère d'un fond local
d'une de nos minuscules bibliothèques municipales
et qui ne préférera pas un bon bouquin d'cuisine à la Maïté ?
Accompagné d'un peu d'Oasis pour l'goûter
« et qu'est-ce tu bois doudou dis-donc ? »
t'inquiètes, un cocktail explosif de clichés bidons
à en croire le civilisé, le sauvage est si vil et rusé,
soit rustique soit frisé,
soit pu la bouse à plein nez,
ou alors c'est un sage, il sait prévoir l'orage, il utilise un dicton millénaire à chaque fin de phrase
le chois c'est donc :
indien ou touriste
tintin ou astérix
yakari ou bidochon
et si à tes risques et périls tu choisis le hors-pistes
tu perds en lisibilité et chute dans l'estime de certains journalistes
qui préfèrent :
peaux d'mouton et béret
peaux d'lion et sagaies
flute en bois et bergers
baobab et djembés
charmant village paumé
faune sauvage et pygmées
personnages de musée
ou indigènes maquillés
c'est accent mal imité
accent mal imité
accent mal imité
accent mal imité
accent mal imité
tant d'conneries à éviter
caricatures, calamités
la carte postale est mitée
et les mythos de tout bord (dont moi) venons fracasser nos rêves ici,
citadin écœuré de trop de densité
percute que son pseudo paradis se désertifie
s'adapte à la sauvagerie du far-west français ou rentre chez lui
idem pour ces jeunes de foyers cassés placés ici en séjours courts pour respirer
pas d'bol ! La jungle urbaine manque à leurs poumons
beaucoup d'arbres ici et pas assez d'béton dans ces patelins à la con
chacun ses repères alors, depuis la capitale ou l'fond des bois
chacun son paysan et son bamboula
chacun ses rumeurs sur l'autochtone cannibale d'où qu'il soit
qui boufferait de l'étranger au casse-dalle méfis-toi !
Et vu que c'est trop re-lou de tout l'temps avoir à gamberger
on laisse nos cultures héberger un bon vieux racisme à peine immergé
l'art, les médias et l'humour viendront s'y engouffrer
putain ! Trop réfléchir les étoufferaient !
Et qu'est-ce qu'on ferait pas pour un arc de triomphe ou une pyramide ?
On en fait pas autant pour des cultures plus timides
celles qui se jurent de n'pas laisser trop de traces de leur passage
et que par définition on qualifie de sauvage,
alors j'rêve de ré-écrire quelques pages
de ces dictionnaires d'un autre age
qui portent en eux l'héritage
bien centraliste d'un langage
qui malgré sa banalité, transpire et perpétue les stigmates de l'outrage.
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5. |
Le radeau des médusés
04:25
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Ok ! Le radeau des médusé(e)s n'est pas beau à voir non plus,
le rafiot des étonné(e)s, des têtu(e)s,
les sceptiques du ciel, la nef des fêlé(e)s,
le crew des athé(e)s convaincu(e)s qui ont botté l'cul des paradis perdus
et tu crois qu'ils arborent une bonne tête de vainqueurs une fois l'illusion disparue ? Pas sûr...
mâte la tête des mecs dont même la fierté s'fissure
faces déprimées qui s'imaginaient p't'être que l'réel rassure ?
Demande leur c'que fait homo sapiens philosophe quand il a croqué tout ces espoirs d'au-delà,
« et ben il croque dans l'présent à pleines dents ! »
ouais, il paraîtrait que parfois ça suffit pas à calmer angoisse et eczéma,
Quand volent en éclats leurs folles fables pour affronter la fin ;
ça annonce rien de moins qu'un carnage de chair putain !
D’après eux les asticots grignotent tout : âmes et intestins
La rationalité d'un putain d'festin.
Il paraît qu'la barque des évadé(e)s de dieu n'aurait pas (non plus) l'aspect cossu du yacht des croyants convaincus,
merde ! Si j'avais su ! À la longue vue on y aperçoit les dents perdues de tous ces matelots athées atteints de scorbut.
Y'a eu un refus formel de tout c'qui touchait à d’irrationnels canots de sauvetage,
bien avant les premières rumeurs de naufrage,
En mer sauvage, l'athée militant approche donc l'autre rivage à la nage.
Paraît d'ailleurs qu'ils dérouillent pas mal à l'approche de la faucheuse sans béquilles et sans croix,
mais il paraît qu'tout l'monde dérouille en fait,
et sur ces radeaux là on raconte qu'une vie de liberté ne supporterait pas le poids trop relou de la foi,
et puis à quoi bon mourir avec sourire aux lèvres ?
Si c'est pour accepter d'vivre une vie de mouton ou d'chèvre,
« Ni dieux, ni maîtres » qu'ils disent, surtout s'il est odieux et traître,
envieux et scrupuleux à la lettre et seulement apte à nous envoyer paître.
Et puis y'a surtout la solitude ! Merde ! Ça t'interdit un mouvement la solitude
ça inhibe la certitude de chier sur leur servitude,
parce que tu sens bien que leur communion à la con a quand même du bon
Allez disons qu'entre un chaleureux concert de gospel
et un coloc sur l'athéisme où on s'pelle,
faut être fêlé pour choisir le gel, la tempête et la grêle
d'une philosophie rationnelle qui crache à la gueule du surnaturel
surtout qu'l'union fait la force mais pas forcément la lucidité,
« et la solitude connard ! Qu'est-ce qu'elle fait ? »
pourvu qu'elle te refile pas le regard rageur du naufragé, l'aigreur du découragé,
la haine furieuse du taré.
Et sûr que certains essaieront de s'unir sous la bannière « ni dieux, ni maîtres ! »
mais ça ne se simule pas un cri comme ça, ça sort du bide, c'est une allergie aux brides
même quand apparaît en fin d'parcours un goût âpre et acide
Et sûr que certains regretterons p't'être leurs « ni dieux, ni maîtres ! »
mais ça n'se dissimule plus ce cris lucide
même quand en fin d'vie, se pointe vertige et frousse du vide !
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L'Envoûtante Pau, France
One voice, one drums. Rock without guitar, Rap without dee-jay, some electronic scapes that tent towards ambient Trip-Hop. Less material for more expressive power. Wild paths to reveal brightness in deep.
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